« Et si on avait un maire farfelu qui voulait construire n'importe quoi ?"

Publié le par arouet

Dans le Plan local d'urbanisme, tout est constructible ou presque. Même le jardin du Mail. Mais le PLU n'est pas sans logique. Une logique froide, mais une logique quand même.

Obtenue à l'arraché par le Conseil consultatif de quartier de Saint-Serge, une réunion d'information sur le Plan local d'urbanisme « centre » (PLU) s'est tenue mardi soir à l'intention des représentants des quartiers Saint-Serge et du centre-ville.

Deux urbanistes de l'agglomération Angers Loire Métropole sont venus expliquer la logique d'un épais et lourd document (12 kg} qui est actuellement soumis a enquête publique et qui définira, s'il est adopté, l'urbanisme d'une grosse partie de l'agglomération pour les quinze ans à venir. Car ce document très compliqué n'est pas sans logique (lire ci-dessous). Mais à juger de l'étonnement et de la curiosité manifestée par les délégués des quartiers, il faut bien constater que même les plus concernés des Angevins n'y ont pas compris grand-chose. En fait de « concertation » et de « communication », la mairie d'Angers aurait dû plus simplement expliquer et tout le monde y aurait gagné du temps. Il est vrai que tout récemment, même une conseillère municipale d'Angers (certes d'opposition) s'était publiquement étonnée d'avoir appris par la presse que la place La Rochefoucauld était devenue constructible...

La sanction des élections

Tout au long de cet exposé très technique, le ton est rapidement monté, même si la discussion est restée courtoise. « Vous avez une vue d'hélicoptère. Vous êtes d'une froideur épouvantable, a lancé un monsieur à un des techniciens. Vous imaginez qu'il y a des gens qui vivent là ? »

«  A-t-on les structures pour protéger la qualité de vie angevine. Comment peut-on classer le patrimoine pour qu'il n'y ait jamais un maire farfelu qui veuille construire n'importe quoi » s'est interrogée une dame, en ajoutant tout de suite qu'elle ne parlait pas du maire actuel.

« Ce maire-là aurait tout de suite un collectif contre lui, a répondu un des techniciens. La sanction, c'est celle des élections. Sur ce point, la logique comportementale (sic) est en train de se modifier ». Tous les participants n'ont pas eu l'air convaincu.

Jean-Yves Lignel

Un Plan local d'urbanisme, en toutes logiques

Au-delà de la rengaine habituelle sur le « développement durable », cette réunion a permis d'entendre quelques raisonnements qui ont présidé à l'élaboration du PLU. Il était temps.

• Première logique : la ville d'Angers doit absolument accueillir de nouveaux habitants. Il s'agit donc de densifier.

• Seconde logique : tout ce qui est situé dans la Zone urbaine centrale devient constructible. Tout, ou presque. Seules, quelques rares zones telles que l'île Saint-Aubin, l'étang Saint-Nicolas, le Lac-de-Ma!ne et le corridor de la Maine sont classées « naturelles », Mais pour le reste, même la place du château, les jardinets de l'avenue Jeanne-d'Arc et même le jardin du Mail sont réputés « constructibles ».

• Troisième logique : la « constructibilité » des zones est le moins possible limitée en densité. Le classement de la place La Rochefoucauld en zone UAL (L comme loisirs) n'a pas été retenu au motif qu'il n'était « pas logique ».

• Quatrième logique : ce libéralisme foncier n'est tempéré que par des mesures de protection extérieures, même si elles sont intégrées dans la réflexion du PLU. Il s'agit entre autres :

- Des « règles de gabarit » qui s'appliquent à toutes les nouvelles constructions de la Ville d'Angers,
- La loi du paysage qui protège, par exemple et en principe, les massifs du jardin du Mail,
- Le Plan de protection des risques d'inondation qui protégera les rives de la Maine, mais qui est toujours à l'étude au Ministère,
- La loi sur la protection des Monuments historiques. « Mais ce n'est, une politique de la Ville que de confier toute la responsabilité à l'architecte des Bâtiments de France » s'est étonné un monsieur. Cinquième logique : rien n'est formellement prévu pour protéger le petit patrimoine ancien, dès lors qu’il est englobé dans des zones d'aménagement publiques ou privées. Les urbanistes ont toutefois lâché qu'une Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) était à l'étude à Angers.

légende photo:

C'est l'information du jour : même le jardin au Mail sera constructible, si le PLU est adopté.

Publié dans Presse

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